le balcon

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    6.
  1. charles baudelaire şiiri.

    Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses,
    Ô toi, tous mes plaisirs ! ô toi, tous mes devoirs !
    Tu te rappelleras la beauté des caresses,
    La douceur du foyer et le charme des soirs,
    Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses !

    Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon,
    Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses.
    Que ton sein m'était doux ! que ton coeur m'était bon !
    Nous avons dit souvent d'impérissables choses
    Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon.

    Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !
    Que l'espace est profond ! que le coeur est puissant !
    En me penchant vers toi, reine des adorées,
    Je croyais respirer le parfum de ton sang.
    Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !

    La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison,
    Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles,
    Et je buvais ton souffle, ô douceur ! ô poison !
    Et tes pieds s'endormaient dans mes mains fraternelles.
    La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison.

    Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses,
    Et revis mon passé blotti dans tes genoux.
    Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses
    Ailleurs qu'en ton cher corps et qu'en ton coeur si doux ?
    Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses !

    Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis,
    Renaîtront-ils d'un gouffre interdit à nos sondes,
    Comme montent au ciel les soleils rajeunis
    Après s'être lavés au fond des mers profondes ?
    - Ô serments ! ô parfums ! ô baisers infinis !
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